Depuis peu, on constate un réel engouement pour la réalisation de fresques peintes à même le sol des grandes villes. Des États-Unis à l’Europe en passant par l’Australie, cette tendance prolifère et s’observe dans de nombreux lieux publics. Toutefois, son utilité ne relève pas uniquement de l’aspect purement esthétique.
Semblable à la pratique artistique du muralisme, les fresques au sol envahissent les terrains de sports, skate-parks, espaces de jeux et même parfois la voirie et l’intérieur des parkings. Mais pourquoi décorer le sol alors qu’il est préférable de regarder devant soi lorsque l’on se promène dans la rue ou que l’on s’adonne à une activité sportive ?
@Ella & Pitr / Paris porte de Versailles au dessus du périphérique.
Déjà en 2018, c’est à Lyon qu’une fresque monumentale, représentant un serpent, a été peinte par onze artistes entre la rue Franklin et la rue Sainte-Hélène dans le cadre de festivités du quartier. Cet usage de l’environnement urbain, à la croisée du land art et du street art, s’intensifie aujourd’hui à travers le monde. L’Australien Kitt Bennett en a notamment fait l’une de ses spécialités.
Cette vogue rafraîchissante qui accorde un nouvel éclat à des espaces généralement standardisés séduit de plus en plus de municipalités qui souhaitent se parer d’un visage jeune et moderne. Grâce à ces terrains de jeux non conventionnels, ils obtiennent alors des lieux à l’originalité unique, imaginés par des artistes graffeurs. Les pouvoirs publics peuvent alors se targuer d’administrer une ville à l’image branchée, pour laquelle un street artiste reconnu dans le milieu de l’art urbain s’est investi pour la réalisation d’une œuvre exclusive.
Terrain de basket @ pigalle-studio-architecture
Conscient de cette effervescence dans notre secteur d’activité, nous concevons nous aussi des fresques au sol sur mesure pour réaliser les désirs artistiques et envies les plus folles de nos clients, qu’ils soient des acteurs publics ou privés.
Lors de compétitions et événements sportifs, des marquages au sol étaient parfois déjà commandés par des marques, nourris par un objectif promotionnel. Le concept a d’ailleurs été repris dans une publicité télévisée pour une célèbre automobile. Cependant, en ce qui concerne les terrains de sports urbains, souvent assimilés au street art en raison des tendances musicales comme le skate-punket le hip-hop ou de sponsors de street wears et sneakersdont les articles sont parfois-même designés par des street artists, il semble que cette pratique, à la manière d’un art total, cherche à rapprocher la mythologie urbaine et l’imaginaire collectif à l’entrainement sportif.
Les terrains de sports de glisse et de basket en plein air étaient déjà des lieux prisés par les graffeurs qui cherchaient à en renforcer l’identité artistique urbaine. S’attaquer à leur sol accentue cette dimension et permet une nouvelle expérience. Celle de découvrir la somptuosité de ces œuvres lorsque l’on se retrouve en hauteur, sur une rampe ou un plan incliné suffisamment élevé.
Désormais, ces approches artistiques investissent également le sol des terrains de tennis, basket et foot en plein air (à l’instar de ceux réalisés par Opera, membre de notre équipe de street artistes), parfois seules installations sportives gratuites auxquelles la jeunesse à accès dans les quartiers des grandes villes. Ces décorations colorées redéfinissent l’image de ces lieux conventionnels et la complexité de leurs formes peut être contemplée dans son intégralité par les spectateurs qui assistent aux matchs depuis le haut des gradins.
Ces réalisations artistiques d’un nouveau genre, si elles n’ont pas une dimension exclusivement esthétique à l’instar de certains trompes l’œil, qui peuvent néanmoins souligner de réelles problématiques sociales et écologiques, semblent aussi moderniser la signalétique, notamment au sein des parkings. Cela permet en outre d’égayer des souterrains souvent aussi glauques que lugubres.
Toutefois, ces fresques géantes peuvent aussi connaître un rôle davantage altruiste, notamment dans les cités et autres grands ensembles urbains comme à la Défense.Elles permettraient à ces zones à forte densité d’immeubles de revitaliser le tissu urbain puisque c’est surtout en prenant de la hauteur que l’on se rend pleinement compte de la nature grandiose et du fort potentiel de ces œuvres sur le moral d’employés de bureaux et d’habitants.
Aussi, lorsque la peinture photovoltaïque aura enfin fait son entrée triomphale sur le marché grand public, ces réalisations pourront permettre de générer et de fournir de l’énergie solaire aux logements et infrastructures adjacents.Qui sait ? Peut-être que d’ici peu, les projecteurs des stades seront eux-mêmes alimentés par les illustrations street art environnantes.
